Le 11 novembre de l'OHBB
Nous étions concentrés, ce 11 novembre, au cimetière Pierre Grenier de Boulogne-Billancourt. Ce n’est pas sans émotion que l’on croise une stèle où sont gravés les noms des musiciens, nos aînés de l’orchestre, tombés sur le champ de bataille. Le sacrifice de notre grasse matinée en ce matin frisquet nous est apparu bien mince.
Dans toutes les villes de France qui ont la chance d’avoir un orchestre municipal, celui-ci est chargé de soutenir musicalement les différentes cérémonies du souvenir. L’Orchestre d’Harmonie de Boulogne-Billancourt ne fait pas exception et participe chaque année à la célébration de la fin des deux guerres mondiales.
Que joue t-on dans un cimetière ? Le clairon appuie les différents appels. Le tambour entretient la tension. Nous entonnons la Marseillaise. Le rite républicain est précis. Le public connait la musique - et il a l’oreille. Heureusement que la discipline fait la force des orchestres ! Mais ces spectateurs venus en nombre attendent un peu plus que des sonneries. Cette année, notre chef Emmanuel Van Cappel avait choisi deux grands standards de musique militaire, et deux morceaux moins attendus :
- Auprès de ma blonde, une marche militaire écrite au début du XVIIème siècle - sous Louis XIV. Le morceau s’appelait alors Le Prisonnier de Hollande ;
- Le Régiment de Sambre-et-Meuse est un autre pas redoublé, composé en 1870 par Robert Planquette après la défaite militaire contre la Prusse ;
- Jupiter Hymn, extrait des Planètes (4ème mouvement) - sans doute l’air le plus célèbre de son compositeur Gustav Holst ;
- Sérénade, de Désiré Dondeyne, une pièce composée en 1961 par ce musicien français qui a beaucoup écrit pour les orchestres d’harmonie.
Participer à une cérémonie patriotique quand on est musicien constitue une expérience très éloignée de celle d’un concert. Le plein air n’est pas franchement propice aux nuances, les conditions de jeu sont approximatives, les instruments refroidissent vite. Les attentes sont longues. L’ambiance est au recueillement - pas de place pour les blagues des trompettistes. Pas d’applaudissements non plus. Et pourtant, à chaque fois c’est pareil : on part de chez soi pour « rendre service », et on y rentre avec la satisfaction du devoir accompli… et peut-être un supplément d’âme ?